Christian SAINT ETIENNE ET SA STRATEGIE (FRANCO)EUROPEENNE et COMMENTAIRES FC
Christian SAINT ETIENNE (CSE) était invité par la société de l'encouragement de l'industrie mais surtout par le Mouvement Européen dans le cadre de la sortie de son nouveau livre. Le titre initial puis changé était "la France peut-elle sauver l'Europe?"
Il reprenait les éléments principaux de sa conférence devant la Fondation Concorde - voir ci-après - ci joint quelques planches diffusées lors de la conférence avec mention "copyrignt"
Quelques points :
Pour CSE, L'Europe est en train de manquer la 3° nouvelle révolution industrielle, voire la 4° pour certains. Si on se réfère à Davos, nous en serions à la 27°. Rappel : 1780 1° révolution : machine à vapeur, textile, fer; 2° en 1880 avec l'électricité, le moteur à explosion, la pharmacie et la 3° en 1980 avec l'informatique, le monde 3.0., après 31 siècles de stagnation économique, et d'évolution de l'espérance de vie (x3) et de niveau de vie (x20) mais avec une évolution des dépenses de santé en curatif qui ne prolonge que de 6 mois d'où une orientation nécessaire à prévoir sur le préventif
CSE nous présente une maquette de révolution industrielle selon laquelle, pendant les deux premières révolutions, 50 ans ont été consacrés à une offre de produits abordables et d'utilisation simple et les 50 autres années à une augmentation de la demande de ces produits avec une classe moyenne capable de les acheter. SI cela s'applique à la 3° révolution, l'offre accessible 1980 - 2030 sera par exemple la voiture autonome et le développement de la demande après 2030 sera par exemple la demande NBIC ( Nanotechnologies, biotechnologies, informatique et sciences cognitives); Les réseaux informatiques sont dans la suite logique des voies romaines et des chemins de fer dont France et UK avaient le monopole du rail avant 1830, l'Allemagne l'ayant pris ensuite; Apparition de l'économie entrepreneuriale avec l'iconomie (non pas e-économie mais avec le i d'Intelligence); le moteur de la première partie de la 3° révolution industrielle est le véhicule autonome, la 3D, la robotique de pointe et les nouveaux matériaux et la seconde à maturité sera NBIC, 5G (1000 x plus rapide que 4G), exosquelette ... ..
CSE aborde également l'explosion du tourisme passant de 25 Mns à 2 milliards de 1850 à 2030 pour une population de classes moyennes de 50 millions à 5 milliards pour les mêmes périodes.
Pour CSE, l'Europe est un ventre mou avec un espace économique ouvert sans réciprocité, sans gouvernement de la zone euro, sans cohérence avec Maastricht, sans politique énergétique avec le fossé existant, spatiale, technologique...., sans accord sur les objectifs à Long Terme, sur une zone de libre échange ou d'Etats-Unis d'Europe..., avec incapacité à libérer le marché intérieur pour fabriquer des entreprises globales dans le numérique ou les énergies renouvelables à cause de la sur-réglementation, avec une RGPD qui ne prévoit pas le stockage sur le territoire européenne, avec le constat que dès que la technologie apparaît, les Etats-Unis font des affaires, la Chine copie et les européens règlementent.
pour CSE, la France sait mobiliser le Royaume-Uni face à l'Allemagne pour lui faire accepter l'euro sans le prendre lui-même et qui négocie par contre sur la fiscalité où il faut se rappeler du discours de Churchill à Zurich "nous ne permettrons pas l'émergence des Etats-Unis d'Europe car nous ne voulons pas en faire partie"
Les réponses de CSE sont : favoriser les GAFA européens et oser parler de la Chine avec son nouvel Uber, la production mondiale dans les smartphone, le 60% de transaction sur les mobiles, le nombre de licornes dans le classement mondial alors que 21% pour l'Europe
CSE imagine un scénario 1 avec une inorganisation des 27 à s'organiser face à la Chine et les Etats-Unis; et un scénario 2 avec un noyau dur de 9 états (F, A, Benelux, Autriche Italie, Portugal, Espagne) pour la reconquête stratégique avec une possible volonté conjointe franco-allemande;
CSE rappelle que l'Europe est une idée française mais avec une Europe "plantée" car la France est "plantée", que la France pense stratégie européenne alors que l'Allemagne pense position allemande;
CSE pense que la zone euro peut exister si elle a un budget, un gouvernement et une coordination fiscale et sociale;
CSE voit un sénat européen calé sur l'ancien modèle de l'histoire romaine sous le regard de la bonne fée carolingienne.
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Commentaires FC qui n'a pas posé de questions en séances et qui sera concrétisé par nos réponses de politique générale, comme fait avec la défense, ainsi que par certains événements :
En toute bienveillance, on peut penser que CSE se comporte parfois comme BHL qui a montré ses limites dans la génération de certaines crises et se comporte comme certains politiques qui blâment les institutions et décisions européennes en oubliant que l'erreur vient parfois de ces mêmes personnes et sans dire ce qui fonctionne ou est développé.
CSE montre bien qu'il parle du modèle français pour l'Europe, alors que l'on voit bien dans les courbes de toutes les analyses, que l'Allemagne est reconnue comme le leader incontesté industriel mais aussi que les anciens "pays de l'Est", dont le nouveau moteur polonais, continuent leur différenciation sur les innovations technologiques en oubliant peut-être quant à eux la solidarité européenne en retour des financements octroyés. Nous en parlerons sans doute avec A. Lamassoure pour notre dîner du 23 février).
On peut s'interroger sur l'approche linéaire imaginée 1980-2030 alors que justement il est exposé qu'en 2 siècles, il y a eu deux révolutions et démontré que les évolutions sont désormais exponentielles. Si les cycles existent toujours et s'ils sont peut être identiques en configuration, ils sont désormais plus réduits en temps. L'économiste historien qu'il veut montrer est donc en décalage.
Même avec les plans Juncker, dont CSE n'a jamais parlé, on peut être d'accord par contre avec le manque de politique énergétique, qui se place au même niveau que la défense, et qui devrait accentuer son approche de sécurisation et d'optimisation, au delà des corridors, des négociations interfrontalières et de la recherche qui devrait également s'intéresser aux centrales à charbon qui existeront toujours plutôt que les nier.
S'agissant de la stratégie numérique, nous portons également la notion de segmentation industrielle et d'équilibre dans l'usine du futur entre l'approche pas à pas et de rupture avec notamment des PME qui ne sont toujours pas au 2.0.
On peut être d'accord avec le manque de projets spatiaux au delà de Rosetta et du futur Euclid qui remplacera Hubble et de Galliléo mais avec quel argent et pourquoi pas en coopération avec la Russie comme actuellement avec l'utilisation des fusées Soyouz ? Sur le marché intérieur et extérieur, il serait bon de savoir nous protéger politiquement au delà du simple cadre judique et la politique financière de JC JUNCKER pourrait développer une vraie politique industrielle de gouvernance. Mais si l'Europe réglemente, n'oublions pas qu'il s'agit également d'une arme commerciale dont les étasuniens se souviennent mais que c'est encore une fois la France qui impose la protection des consommateurs, chère à la Commission et au Conseil, avec la CNIL quand l'Allemagne et d'autres pays cherchent à valoriser et vendre les données donc ne blâmons pas forcément l'Europe ou alors pas seule mais sachons reconnaître les bienfaits d'un certain équilibre.
L'approche sans réciprocité n'est pas vraie pour les accords commerciaux conclus avec le Canada ou échoué avec les Etats-Unis. Mais nous sommes d'accord du constat étonnant du laisser faire bilatéral de la Chine avec les pays alors que l'UE doit effectivement activer son rôle multilatéral, les deux approches complémentaires devant être maintenues ensemble pour apporter des solutions. Il ne dit pas que l'analyse des actions chinoises peut nous aider à mieux nous comprendre et créer une segmentation industrielle européenne avec la création de champions. Il oublie par contre qu'il reste Ericsson, certes non français, dans la téléphonie. S'agissant du noyau dur de 9 membres, il rejoint la théorie des organisations qui dit qu'au delà de ce nombre apparaissent des groupes et il s'agit donc d'une solution "simpliste" de gouvernance. Certes une politique générale ne doit pas être figée mais composer avec tout le monde sauf à les marginaliser avec les risques liés et nier leurs identités et leurs regards sur les valeurs européennes et l'interdépendance nécessaire entre ses membres.
Le plantage français qu 'emploie CSE devrait s'appuyer sur une certaine symbiose avec l'Allemagne et non la copier en acceptant peut être de prendre la partie froide du moteur, du moment que le moteur et sa maintenance fonctionnent. La dynamique française est appréciée en général et doit être valorisée mais attention à la prise de judo que risque de faire les autres nations à la France si l'énergie qu'elle déploie est mal utilisée.
S'agissant de l'euro, et du terme de groupes de cohérence que nous employons et qui a reçu interrogation voire moqueries d'une journaliste de France Inter et de CSE inter à la Maison de l'Europe, mais compréhension par les économiste allemands dans la salle, la version de l'acceptation de l'euro est étrange quand on sait justement que UK ne l'a pas adoptée. F. Mitterrand a plutôt imposé l'euro à l'Allemagne en échange du soutien à la réunification (lire les rêves européens). Quant à Churchill, n'oublions pas ses actions de convergences énergétiques et que De Gaulle lui même a cassé certaines dynamiques. Sur la gouvernance de la zone euro, pourquoi ne pas mettre en place des mesures réalistes et réalisables pour chaque groupe de pays à économie similaire dans une logique de sécurisation et d'optimisation afin de parvenir à l'équilibre général ? Et encore une fois, que faire des autres ? Ne risquent-ils pas de créer leur propre citadelle et ne jamais passer à l'euro qui est une des forces de l'Europe si la transition se passent bien. Il s'agit d'un de nos axes de travail.
CSE rejoint notre vision de sénat dont ne veut pas entendre parler la Commission, estimant qu'il s'agit du Conseil. Un tel sénat pourrait représenter les régions, au delà du conseil consultatif et rejoindrait une des considérations britanniques de plus de représentativité locale.
Terminons sur cette note d'identité pour rappeler que Charlemagne venait des contrées de l'est de l'Europe et que son projet était de recréer l'empire romain d'occident avec tout l'apport qu'il donna à l'Europe, comme ensuite Napoléon. On peut donc comprendre les Hongrois quand ils se disent aussi latins que les Romains !
François CHARLES
Président
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La fondation Concorde recevait Christian Saint Etienne pour commenter son dernier livre. Il s'exprimait sur l'Iconométrie, sous-partie de l'économie, la métropolisation différente des grandes v...
http://www.irce-oing.eu/2016/09/la-vision-franco-europeenne-selon-christian-st-etienne.html