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Courrier au Ministre des Armées suite à son interview sur les productions d'armement
Paris, le 7 juillet 2022
M. Sébastien LECORNU
Ministre des Armées
14 rue Saint Dominique
57007 Paris SP
Par email
Monsieur le Ministre
Permettez-moi tout d’abord de vous féliciter pour votre nomination et votre confirmation dans un ministère clé en cette période de crise mais surtout en amont pour l’éviter.
Pour information et comme vous le savez peut-être, l’Institut de Recherche et de Communication sur l’Europe (I.R.C.E), organisme associatif indépendant, apolitique et généraliste, est un laboratoire d’idées (Think Tank) et un organisme opérationnel (Do Tank) œuvrant à la fois sur les politiques publiques et sur les écosystèmes publics et privés à travers de nombreux sujets de gouvernance et de thématiques particulières par des publications, des études, des formations, des événements, des idées et des projets généralement reconnus innovants. Nous travaillons beaucoup sur la défense et son industrie à travers notamment les partenariats en contact avec toutes les ambassades, les représentants de ministères, l’écosystème industriel depuis les groupes jusqu’aux PME, les parlementaires et institutionnels, qui a par ailleurs permis d’éditer 78 propositions audibles au niveau français comme européen. Voir www.irce-oing.eu
Je me permettais de revenir sur votre souhait de voir les industriels produire plus et moins cher. S’il est concevable de maintenir une BITD (européenne) fiable avec certains profits lors de ventes en temps de paix pour éviter notamment la guerre, en insistant désormais sur la face cachée du MCO, le fait de faire des profits en temps de conflits ne l’est pas forcément sauf quand la France et l’Europe ne sont pas officiellement en guerre. Le fait de prendre l’alibi de la R&D est opposable au fait que l’armement est en France un des rares domaines autorisant à inclure celle-ci dans les coûts de revient. À la suite de certaines expériences éprouvées, j’insisterai sur certains éléments que nous ont enseignés les Britanniques lors des approches comparatives européennes pour la réforme de la maintenance aéronautique, à savoir le travail à coûts objectifs, livre ouvert, bonus et malus ainsi que le partage des risques, que nous avons appliqués avec plus ou moins de succès mais qui restent mesurables, réalistes et réalisables à travers le filtre des réalités.
Les industriels demandent aussi beaucoup à l’administration pour l’aide à l’export mais sans forcément admettre que l’on puisse stopper ce processus si le client s’avère dangereux ou suspicieux, même si l’Etat y entretient une place importante. Il convient d’avancer avec ces derniers sur les accords d’exportation entre Européens, « unis dans la diversité », à travers certes des considérations souvent constitutionnelles mais avec en même temps un Buy european act « raisonné » sans fermer les frontières, permettant de montrer une bienveillance de protection et conserver une certaine tutelle contrôlée.
Par ailleurs, la dynamique française, notamment à travers la DGA généralement reconnue en Europe, pourra enfin fonctionner avec l’Allemagne en trouvant une imbrication, voire une dépendance dans l’interdépendance intelligente également dans la recherche, qui évite tout blâme qui bloque les relations. Il doit aussi en être avec les autres pays ou groupes de pays. Enfin je salue les efforts de partenariat entrepris récemment avec la Suède, autre grand pays industriel avec une influence dans le groupe des pays nordiques sur lequel nous travaillons, comme avec le Bénélux ou les pays de Visegrad.
Je reste à votre disposition pour parler en toute transparence de très nombreux autres sujets et notamment de l’Ukraine que nous veillons et traitons régulièrement depuis 2014.
Je vous prie de croire, Monsieur le Ministre, en mon profond respect.
François CHARLES
Président
fcharles@irce-oing.eu
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