Les priorités pour l'Europe 2024 - interview de François CHARLES, président de l'I.R.C.E. donnée au Ministère des Affaires Etrangères
Interview donnée eu Ministère des Affaires étrangères et de l'Europe, en entrée de la conférence sur la pénurie de médicaments. vidéo en lien ci-après et diffusée également sur l'agora du MAE.
Les priorités de la France pour l'UE ont déjà été exprimées lors de la Présidence du Conseil de l'UE et de la consultation de 2021 mais les situations évoluent. Des commentaires mériteraient d'être apportés sur chaque composante de la politique générale de l'UE, valorisé notamment par le caractère indépendant et généraliste de l'I.R.C.E.,
- il convient de veiller à la protection et la conservation des valeurs et des 4 libertés des personnes, des biens, des capitaux et des services, mais aussi de mieux communiquer sur ce que fait l'Europe pour tous ceux qui ne bougent pas pour éviter les votes trop contestataires issus de certaines communications orientées et restrictives et bien entendu consolider les dispositions prises dans le domaine numérique pour les citoyens comme pour les entreprises,
- parvenir à une optimisation énergétique avec des solutions mixtes qui permettent aussi d'atteindre les objectifs climatiques notamment avec le nucléaire en complément et sécurisation des autres efforts durables,
- atteindre une autonomie et une souveraineté de défense et une sécurité mais de façon réaliste au sein de l'OTAN avec tous les autres pays, si possible dans un groupe européen sous couvert nucléaire également français, au moins en matière d'armement avec des technologies de pointe,
- continuer à développer enfin une politique industrielle ambitieuse, innovante et de décision souveraine, notamment de R&D, avec ou sans partenaires étasuniens en interdépendance entre les Etats-membres et leurs entreprises avec notamment la création de champions comme l'est Airbus,
- travailler sur une normalisation raisonnée avec un cadre réalisé par les institutions et les Etats mais avec un travail interne fait surtout en concertation avec les entreprises, et persévérer dans la simplification administrative pour les entreprises comme pour les citoyens,
- la France doit pouvoir apporter son savoir faire administratif comme par le passé et aider l'UE à se remettre en question en écoutant et évitant de nouveaux Brexit, en réformant s'il le faut la gouvernance avec par exemple le droit d'initiative du Parlement européen, voire la création d'un Sénat des régions proche des territoires et non uniquement consultatif, le Conseil, considéré actuellement comme le Sénat, n'ayant pas cette vocation
- Même si tout ne doit pas être partagé, il faut avancer sur la santé comme nous l'avons fait sur l'éducation avec également un volet dans Erasmus, avancer sur un système fort de protection et de sécurité intérieur, dont sur l'immigration, en miroir au Service extérieur, soutenu par les Etats-membres et leurs ministres de l'intérieur, travailler sur des règles d'intégration de possibles Etats-membres en toute franchise et transparence, sans précipitation avec analyses des apports et des risques en veillant notamment aux conséquences sur la Politique Agricole Commune, une des premières politiques européennes,
- Il faut avancer en répartissant au mieux les fonds structurels de façon plus ciblée, forte et sans saupoudrage avec un contrôle et un pilotage strictes, avec également un retour des aides sur les structures de transport vers les pays fondateurs, bien entendu continuer les efforts sur le pacte vert mais de façon réaliste et réalisable, avec les entreprises, en relation avec la santé pour mieux sensibiliser les populations, mais commencer aussi à travailler sur un pacte bleu à la fois économique et écologique en solidarité avec les Etats non marins, voire un pacte spatial qui fait désormais partie de notre quotidien en rappelant le rôle croissant joué dans l'agriculture,
- il faut consolider notre zone euro pour s'assurer sortir de la boucle de l'inflation, éventuellement avec un choc de taux si nécessaire, mais en créant des groupes de cohérence économiques disposant d'objectifs propres pour atteindre un objectif collectif, avec cloisonnement des risques de contagion, ainsi que proposer les mêmes dispositifs pour les pays qui n'ont pas encore intégré la monnaie, comme prévu dans les traités, et inciter l'euro à devenir une référence mondiale pour contribuer enfin à une Europe géopolitique forte, unie dans la diversité, respectée et Moderne
François CHARLES, Président de l'I.R.C.E.
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