LES REALITES DU SCAF
Oyé braves européens, réjouissez-vous et dormez tranquilles, voici le SCAF, avion(e) Système de Combat Aérien Futur de 6° génération, en clin d’œil aux actuelles ministres de la défense française, allemande et espagnole pour y parvenir, coup d’avance structurant, comme l’était le F-35 en son temps côté étasunien, qui réunira enfin visions et compétences communes dans une confiance renforcée entre la France et les autres. Soudain un ange européen passa, chargé de bombes étasuniennes sous les ailes rappelant certaines réalités mais avec aussi une baguette magique d’interdépendance dans la poche.
Par François CHARLES
Economiste, Coach et conseil en stratégie et management, expert défense, relation européennes et internationales, Président de l’I.R.C.E.
Alors que l’on parlait déjà d’un seul écran pour les Rafales, et à l’instar du programme terrestre Scorpion, le Système de Combat Aérien du Futur (SCAF), semble naître un système connecté comprenant des essaims de drônes de reconnaissance, des avions radars, des ravitailleurs, des avions de guerre électronique et des missiles de croisière.
Je ne reviendrai pas sur toute la littérature technique, contractuelle avec les 5 piliers et opérationnelle à ce sujet sauf mentionner qu’il faut être en veille pour que cette fois la dynamique prenne avec Dassault qui peut encore construire un avion seul mais qui ne demande pas mieux qu’enfin un programme en coopération soit aussi moins coûteux comme dans le civil, comme le promet le nouveau président d’Airbus, entreprise franco-allemande, dont un des dirigeants avait bien accroché au modèle PSA de l’armement terrestre appliqué à l’aéronautique, il y a justement deux ans et qui sait aussi réaliser des A400M avec des contrats de type commerciaux auxquels il faut ensuite rajouter les réalités de la maintenance.
Mais quand certains parlent de fondation de l’Europe de la défense, n’oublie-t-on par magie tous les autres programmes européens déjà existants depuis longtemps avec ou sans la France via d’ailleurs l’OCCAR et sa conduite forte de programme, dont on ne parle d’ailleurs pas ?
Rêvons à une concurrence intelligente et constructive intra-européenne avec le projet Tempest britannique réunissant sans doute la Suède, éternels alliés, et Italie, alors qu’elle n’est pas acceptée pour certains appareils dont le F-35, ni d’ailleurs par les Etasuniens.
Rêvons à une simulation stratégique, opérationnelle, ne montrant pas que des avions, bateaux, drônes français ou d’initiative plutôt française avec un centre d’excellence par contre en France lié à l’OTAN pour accroitre la connaissance mutuelle, voire orienter les choix et rêvons à un objectif de connexion avec les F-35 qui ne sont déjà plus uniquement des avions mais des vecteurs numériques.
Rêvons que les Allemands qui entendent plutôt industrie que défense, qui se montrent obligés plutôt qu’enthousiastes et qui doivent peut-être faire l’exercice de la courbe du deuil, ne considèrent pas qu’il s’agit d’un Diktat français à l’image de ces PME allemandes, sans forcément parler du consortium FCMS, s’estimant déjà flouées. Rêvons que les Français se rappelleront qu’ils ne peuvent partir seuls à la guerre, qu’ils ne mettent pas leur protection nucléaire à disposition de l’Europe et ne miseront pas uniquement sur le droit du sang, et le tout ou rien avec des européens qui jonglent avec leurs relations franco-transatlantiques.
Rêvons que ce projet aborde le sujet de l’exportation non forcée sous le fait accompli mais admise en concertation surtout si certains principes sont inscrits dans une constitution
Enfin, rêvons à une Espagne qui ne sera pas considérée comme une variable d’ajustement et la porteuse de bougie mais comme un grand pays détenant souvent certaines clés de facilitation, d’ailleurs proche du siège français d’Airbus.