Lettre (humoristique quoique) au Président Biden
Cher monsieur le Président, cher Joe, C’est avec plaisir que je vous envoie ce courrier en vous remerciant encore pour cette réception privilégiée de Thanksgiving où nous avions refait le monde alors que le grand tuyau n’était pas encore terminé d’être soudé. Voilà maintenant la pression mise une fois de plus à l’extérieur alors qu’elle commence seulement à l’être à l’intérieur.
Par François CHARLES - les propos n'engagent que son auteur
Economiste, politologue, expert en stratégie, management, relations européennes et internationales, ancien responsable d’affaires industrielles de défense, président de l’Institut de Recherche et de Communication sur l’Europe (I.R.C.E.)
J’hésite encore à trouver le jeu psychologique entre tous. Serait-ce « Regarde ce que tu m’as fait faire » ou le « Schlemiel », ou encore « comment sortir d’ici » voire peut-être « réglons son compte à Joey » ? victime ou triomphant selon les versions possibles avec une dose de « battez-vous » assuré par certains acteurs sous-jacents. Les joueurs de billards à apprécieront aussi.
Après les sanctions communes suite à l’annexion de la Crimée, après l’approche commune européenne pour le gazoduc Nord Stream II au détriment de l’énergie étasunienne avec le rôle du grand régulateur allemand toutefois bien ennuyé par le fait de voir que Gazprom n’a pas rempli ses réserves dans le pays, il fallait bien montrer une fois de plus que les Etats-Unis restaient aussi en Europe même si vous cherchez à rassurer vos alliés d’Asie avec une Chine qui s’affirme. Il fallait bien aussi miser sur Vladimir Poutine (VP) pour commencer à remplir le grand tuyau mais surtout sur Olaf Scholz (OS) pour aller ensuite dans votre sens jusqu’à presque virer Gerhard Schröder de la direction générale afin d’instituer l’approvisionnement sous conditions.
La Chine sera un autre grand client du gaz russe mais le coup de vouloir réguler le tuyau avec les Russes est bien joué dans une certaine interdépendance. Reste à trouver le moyen de maintenir certains revenus pour l’Ukraine si elle ne profite plus de taxes de passage mais surtout pour l’amener à diversifier ses énergies, comme a su le faire la Roumanie pour compenser le risque du gaz. Pourquoi d’ailleurs ne pas tester en Ukraine les nouvelles technologies dont nucléaires même si non encore approuvées par l’UE, qui de toute façon n’a pas encore de politique énergétique ?
Quant au fait de savoir s’il faut sauver le soldat Ukraine, on peut aussi se demander pourquoi les autorités du pays blacklistent les personnalités qui veulent aller visiter le Dombass, comme s’il existait quelque chose à cacher ou de crainte de parler aux séparatistes.
Je comprends que vous n’aimez pas entendre que les Etats-Unis laissent tomber l’Europe alors que vous n’y avez jamais autant investi et que vos avions F-35 régulent peu à peu son ciel dans une normalisation forcée et non interopérable avec les Eurofighters et autres Rafales, qui normalisent quant à eux l’ASEAN.
Le fait, pour VP, de vouloir discuter avec les Etats-Unis plutôt qu’avec l’Europe et le couple franco-allemand, qui l’ennuie, est compréhensible pour faire apparaitre la Russie comme étant une grande puissance, certes militaire mais non plus économique, avec le souvenir de l’ère soviétique. VP réclame la mise en place des accords de Minsk et que l’on prenne sa demande de sécurité au sérieux. Quoi de plus naturel venant d’un dirigeant. Mais respectera-t-il quant à lui la ligne rouge comme quand ses avions survolent les pays baltes ou même la Bretagne depuis la Norvège pour tester le relais de surveillance entre les alliés.
J’ai bien vu la manipe visant à faire venir OS aux Etats-Unis pour lui donner certains messages et laisser Emmanuel Macron (EM) rencontrer VP, sachant qu’il ne veut pas les voir ensemble et n’était pas non plus obligé de le recevoir. Me direz-vous un jour si vous avez accepté et négocié qu’EM aille à Moscou comme président français ou premier ministre européen pour encore mieux montrer que la gouvernance européenne est tout sauf organisée. Comme vous le savez, N. Sarkozy était, quant à lui, Président de l’UE quand il a négocié la paix en Géorgie où la Russie était arrivée en réaction. Mais VP aurait-il parlé à l’actuel Président de l’UE, aux ordres et bien incapable de faire quoi que ce soit quand il se fait balader par la Pologne et la Hongrie en réunion de Conseil ? Le tout était « en même temps » de servir la politique internationale d’EM en pleine élection même si VP récusait aussitôt les annonces d’EM après leur entrevue, mais qui croire ? Mais pensiez-vous finalement peut-être qu’EM pouvait vraiment geler la situation ? En refaisant l’histoire, notons qu’EM, qui cherche la paix, selon le Financial Times, a appelé les trois présidents baltes, alors que j’étais avec leurs trois ambassadeurs, pour leur dire qu’il ne les oublie pas même si à l’intérieur des troupes, j’entends surtout des échos de personnes ne voulant pas mourir pour les Baltes ou les Ukrainiens.
EM a bien été obligé de se ranger derrière l’OTAN, relancé d’une certaine façon par VP dont il sait bien que les Occidentaux n’ont pas de logique d’invasion sauf peut-être en Afghanistan .. ou dans les Balkans… VP sait que l’UE a décidé d’intégrer l’Ukraine en totalité ou non, ce qui ne l’empêche pas de la financer, comme encore la Turquie, et veut simplement tenir bon pour éviter que cela arrive. Mais pourquoi ne le laisseriez-vous pas financer certains besoins pour éviter que nous le fassions quitte à récupérer une fois la chose faite ?
Le pacte de Varsovie ne renaitra pas pour autant, d’autant plus que la Pologne est bien désormais dans l’UE et en guerre psychologique depuis quelques années, essayant d’emmener tout le monde avec elle. Notons qu’elle vient de ressouder le triangle de Weimar en faisant quelques concessions sur l’état de droit et le charbon et vous n’y êtes sans doute pas étranger en facilitateur européen mais surtout en soutien militaire.
Quant à l’accession de l’Ukraine dans l’OTAN, pourquoi ne pas privilégier des accords bilatéraux avec elle comme avec l’Autriche, mais aussi la Suède et la Finlande qui n’y sont pas certes par volonté et liées par l’Alliance nordique alors que l’Ukraine souhaite y rentrer. Sans compter l’argent qu’il faudra y mettre, sans oublier que la crise a vraiment commencé à cause de l’installation d’une nouvelle base navale de l’OTAN.
Pour revenir sur la Chine, n’oubliez pas la 3° prédiction de Fatima qui annonce depuis longtemps l’étincelle à l’est mais surtout aussi le raccordement russo-chinois en méditerranée. Certes le Président Xi Jinping a bien dit à ses troupes de se préparer à la guerre, mais il était à Djibouti et non en mer de Chine ! Quant à la Turquie, soyez sans crainte… elle affirme qu’elle jouera avec ses alliés, reste à savoir lesquels le moment venu.