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Publié par I.R.C.E. - Institut de Recherche et de Communication sur l'Europe - Le Think et Do Tank des dynamiques européennes

Mikhaïl Gorbatchev vient de nous quitter. Il était quasiment oublié volontairement en Russie et son nom est banni du pouvoir chinois voulant préserver son système. Une ancienne interview de 2020 m’a fait comprendre ses objectifs de modèle de démocratie, de liberté et de transparence, tout en voulant maintenir un certain contrôle, au profit de la Russie et de l’URSS parmi certaines réalités. La comparaison est même possible avec Mustapha Kemal Ataturk pour son pays. Mais la population l’avait-elle compris et demandé ?

Par François CHARLES

Economiste, politologue, conseil en stratégie, management et affaires européennes, ancien responsable d’affaires industrielles à la DGA, Président de l’Institut de Recherche et de Communication sur l’Europe (IRCE).

Sans funérailles nationales, M. Gorbatchev a rejoint son épouse Raïssa dans le grand cimetière de Moscou après avoir été veillé à la maison des Syndicats, de façon autorisée mais régulée et limitée par le protocole du Kremlin, voyant les quelques centaines de personnes devenir finalement des milliers. Comme pour Staline, ils n’eurent pas le droit de s’arrêter devant sa dépouille. Il ne sera pas le premier ni le dernier à mourir dans l’indifférence ou plutôt le bannissement voulu. V. Poutine était excusé pour agenda chargé. Sans doute à cause de la guerre en Ukraine, les représentants occidentaux n’étaient pas non plus présents sauf la Hongrie, comme un clin d’œil du pays qui a le premier rompu le mur et qui marque son désaccord parfois aussi avec l’UE, oubliant peut-être d’autres réalités vécues du « sans toi ».

Perestroïka, glasnost, libéralisme économique, fin de la guerre froide, chute du mur de Berlin, accords de limitation des armes resteront les mots liés au dernier dirigeant de l’URSS. M. Gorbatchev n’était pas un agent de l’ouest mais un réformateur visionnaire et courageux, qui n’a pas été compris, pour transformer un système au bord du gouffre, en un possible modèle inspiré de l’occidental au profit de la Russie et de l’URSS, demandant même de l’argent à l’occident pour atteindre ses objectifs. Mais ce dernier a préféré voir le vieux système s’écrouler pour avoir les mains libres pour un temps se demandant aussi si ce n’était pas finalement non plus une stratégie de Pierre le Grand.

Le baroud d’honneur de la guerre dans les années de tension de 90 aurait pu être une solution en détruisant la Russie et la terre entière. M. Gorbatchev n’était pas un homme de violence et reprend volontiers le mot de liberté de l’hymne russe quand il l’entend pour le jour de l’an. Il fut un des hommes de la deuxième prophétie de Fatima, favorisant le rapprochement avec l’église finalisé avec V. Poutine, qui sera peut-être quant à lui l’homme de la troisième..

M. Gorbatchev n’a semble-t-il jamais voulu démanteler l’URSS mais désirait un retour des identités nationales et des gestions à la fois communes et autonomes salutaire pour l’économie, unies dans la diversité. Même s’il reproche à B. Eltsine d’avoir installé une autocratie, ce dernier l’a tout de même sauvé du putsch qui voulait l’empêcher de signer la création de la Communauté des Etats Indépendants (CEI) ou peut-être d’une certaine façon interdépendants comme cela pourraient l’être davantage au sein de l’UE, par solidarité. Aurait-il pu même imaginer un rattachement à l’UE à terme ? Le peuple le voulait-il ? N’oublions pas que jusqu’en 2014 les discussions de défense étaient plus que cordiales entre l’OTAN et la Russie.

Finalement, aurait-il pu réussir au moins au début au même titre qu’Atatürk en Turquie et son processus d’occidentalisation. M. Gorbatchev avait d’ailleurs reçu le le titre honorifique d’Archonte du Patriarche de Constantinople de l’Eglise orthodoxe.

Peut-être faudra-t-il, comme il le disait, attendre un peu pour être reconnu.

Mikhaïl Gorbatchev, l’ancien rêve d’un certain modèle européen pour la Russie et l’URSS
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