22 Octobre 2023

Publié par I.R.C.E. - Institut de Recherche et de Communication sur l'Europe - Le Think et Do Tank des dynamiques européennes

Conférence MAE (gouvernance économie énergie environnement) "Comment concilier fin du monde et fin du mois ?" au Quai d'Orsay

Nous étions invités VIP par le Ministère des affaires étrangères au Quai d’Orsay le 20 octobre 2023 à une conférence intitulée « Comment concilier fin du monde et fin du mois? ». Rassemblant des élus, des think-tanks, des experts, mais aussi des étudiants essentiellement en sciences politiques et écoles de commerce, cet événement s’inscrivait dans le cadre de la préparation des élections européennes.

En ouverture de la conférence, madame Laurence BOONE, Secrétaire d’État chargée de l’Europe, a rappelé que l’UE était la première région économique du monde et la seule à s’être engagée à atteindre la neutralité carbone en 2050.

Les débats se sont ensuite organisés autour de deux tables rondes.

TR1 : « Comment être à la hauteur des défis climatiques dans le contexte économique et géopolitique actuel ? », avec Camille LANDAIS, économiste à la London School of Economics, Matthieu GLACHANT, économiste à Mines ParisTech et Maud BREGEON, députée des Hauts de Seine.

En rappelant que le titre de la conférence était tiré du livre de l’économiste Christian GOLLIER, les panélistes ont expliqué que la politique nationale contre le changement climatique est une contribution à un objectif mondial plus large. Cependant, face aux défis de la globalisation économique et écologique, l’asymétrie des contributions entre pays développés et pays en voie de développement est naturelle. A cette fin, l’UE doit donc développer des stratégies prenant en compte les incertitudes technologiques, en favorisant les investissements dans l’innovation. A titre d’exemple, la décision de la France et de l’Allemagne de finalement accepter de développer des sources d’énergie différentes, en portant leurs efforts sur le nucléaire pour la première et sur les énergies renouvelables pour la seconde, leur permet d’assumer des risques technologiques différents, de façon complémentaire, augmentant ainsi la résilience de l’ensemble.

L’effet pervers de certaines aides aux particuliers, qui in fine contribuent à subventionner les énergies fossiles a été évoqué. De même, le rôle insuffisant des médias dans la diffusion de l’information sur les avancées de l’Europe au bénéfice de ses citoyens, a été souligné pour contrer la désinformation et le scepticisme.

TR2 : « Face à la flambée des prix de l'énergie, que peut faire l’Union européenne ? », avec Benoît LEGUET, directeur de l’Institut de l’Économie pour le Climat, François LEVEQUE, économiste à Mines ParisTech et David AMIEL, député de Paris.

Les intervenants ont rappelé que la sortie d’une économie fossile était absolument nécessaire, d’une part pour respecter nos engagements internationaux (accords de Paris et européens), et d’autre part pour adapter l’économie à l’évolution prévisible du climat. Malheureusement, il manque un plan de financement du Green Deal pour faire face au besoin de 30 milliards d’euros d’argent public et autant d’argent privé supplémentaire par an. En trois ans, le gouvernement français a dépensé 100 milliards d’€ pour protéger les Français face à l’augmentation du prix de l’énergie. Cette protection serait beaucoup plus efficace si cet argent était directement investi dans la transition écologique pour accompagner le sevrage des énergies fossiles. L’UE a déjà beaucoup fait, en particulier depuis le début de la guerre en Ukraine le 24 février 2022, par exemple avec la mise en place d’une plateforme commune d’achat du gaz. Elle doit cependant poursuivre ses efforts dans trois domaines : réforme du marché de l’électricité, soutien aux énergies renouvelables, développement des interconnexions électriques transfrontalières. C’est sur le marché électrique que les marges de progrès sont les plus importantes car il est régional et non mondial comme celui des hydrocarbures. Par ailleurs, le lien entre préoccupations sécuritaires et environnementales est plus prégnant en Europe que dans le reste du monde, en particulier avec une inversion du rapport entre interactions économiques et tensions géopolitiques. Auparavant, on pensait que l’augmentation des premières contribuait à diminuer les secondes. Aujourd’hui au contraire, les secondes ont un impact déterminant sur les premières.

Le Général VIGILANT (2S) de l’IRCE a demandé comment développer davantage une culture stratégique européenne commune pour que les Européens défendent mieux leurs intérêts dans tous les domaines de la puissance (diplomatique, informationnel, militaire et économique). Pour les panélistes, il y a déjà des progrès notables dans l’industrie de défense et sur le marché de l’électricité.

En clôture de la conférence, monsieur Olivier VERAN, porte-parole du Gouvernement, a rappelé que l’Europe avait déjà fait la moitié du chemin par rapport à l’objectif de neutralité carbone en 2050, en divisant par deux ses émissions de gaz à effet de serre depuis 1990. Il a ensuite conclu que la défense de l’Europe du climat était aussi la défense de la démocratie.

JMV

Conférence MAE (gouvernance économie énergie environnement) "Comment concilier fin du monde et fin du mois ?" au Quai d'Orsay

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