La République tchèque a décidé d'acheter trois rames de trains chinois. La première sera livrée en 2018.

C'est une première et sans doute pas une dernière. Pékin vient d'annoncer avoir vendu plusieurs rames de trains à grande vitesse à la République tchèque, concrétisant ainsi son premier contrat avec un membre de l'Union européenne. Et lançant une nouvelle pierre dans le jardin européen du français Alstom . Après celle qu'a constitué son récent rachat des actifs ferroviaires du tchèque Skoda.

C'est une filiale de la société d'Etat CRRC (China Railway Rolling Stock Corp) qui a remporté ce contrat d'un montant de 20,8 millions de dollars (19,9 millions d'euros). Il porte sur trois rames dont la première devrait être livrée à la compagnie Leo Express à la mi-2018. Capables de rouler à 160 km/h (l'appelation de « très grande vitesse » étant réservée aux trains qui atteignent 300 km/heure, comme les TGV français), ces rames seront compatibles bien sur avec les chemins de fer de la République tchèque mais aussi ceux de Slovaquie et de Pologne.

La presse chinoise ne manque pas de souligner l'importance de cette signature en mettant en avant le fait que l'Union européenne impose des normes strictes de sécurité et de fiabilité aux trains qui peuvent circuler sur son territoire. La conclusion de cet accord « représente une reconnaissance sur le marché international pour les constructeurs chinois », explique d'ailleurs Liao Hongtao, le directeur général adjoint de CRRC Zhuzhou, cité par le Quotidien du Peuple .

Et d'afficher son grand optimisme en affirmant par ailleurs au site d'information en ligne Caixin , qu'au delà de cet accord qui couvre aussi la fourniture de pièces détachées, ce sont une trentaine de trains à grande vitesse qui pourraient être vendus à la République tchèque au cours des trois prochaines années.

Pékin n'a pas ménagé ses efforts vis-à-vis de Prague

Il est vrai que les Chinois n'ont pas ménagé leurs efforts pour séduire les autorités tchèques. Et ce d'autant plus que celles-ci ne cachent pas leur volonté de jouer la carte de Pékin en devenant le point d'entrée en Europe des investisseurs chinois.

Au printemps dernier, le président Xi Jinping s'est rendu à Prague pour signer un partenariat stratégique entre les deux pays. Et en octobre dernier, à l'occasion du MSV, le salon professionnel de la construction mécanique, Pékin qui est déjà le troisième partenaire commercial de Prague, avait installé le plus grand stand jamais réalisé à cette occasion (3.000 m2 et 150 entreprises) au centre duquel le chemin de fer trônait en bonne place. Et les officiels chinois sur place n'avaient pas caché qu'ils souhaitaient pouvoir exporter la technologie de leur pays en République tchèque, à commencer par celle liée aux trains à grande vitesse.

Mais au delà du succès commercial, c'est sans doute la victoire stratégique de Pékin qui est à souligner. Car jusqu'à maintenant, les Chinois peinaient à faire leur entrée sur les marchés occidentaux. Tous les contrats décrochés jusqu'à maintenant avaient été dénoncés. C'est le cas aux Etats-Unis où le projet de ligne qui devait relier Los Angeles à Las Vegas a été annulé en juin dernier. Et en novembre 2014, le Mexique avait annulé l'attribution à la Chine de la construction d'une telle ligne.

En Europe, avant le rachat des actifs ferroviaires de Skoda, seul le contrat pour la rénovation de 1.350 km de voies entre la Serbie et la Hongrie permettait à Pékin de montrer son savoir faire à un pays membre de l'Union européenne. Et CRRC a posé ses jalons en Autriche (en y établissant sa première filiale sur le vieux continent) et en Macédoine où la Chine a également remporté, en 2014, un contrat commercial de fourniture de trains qui sont entrés en service en 2015.

Un appétit à l'international qui inquiète, au point que le gouvernement français souhaite un plan européen pour protéger Alstom, Siemens et leurs fournisseurs .

@ClaudeFP