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Publié par I.R.C.E. - Institut de Recherche et de Communication sur l'Europe - Le Think et Do Tank des dynamiques européennes

Dans la suite des nombreux articles déjà parus et devant certaines réalités, il peut rester intelligent, toujours à charge et à décharge, de se poser les bonnes questions et surtout celle d’une possible pause voire de cessation des combats et reprise de forces - même de chaque côté - avec une ligne de front figée et acceptée sine die sans être traité de traitre et surtout celle de savoir à quoi et à qui profite de la guerre ?

Par François CHARLES

Economiste, expert stratégie et géopolitique, président de l’Institut de Recherche et de Communication sur l’Europe, ancien responsable stratégie et risk manager à la DGA.

J’ai déjà beaucoup écrit sur l’Ukraine depuis 2014 avec un livret entier sur les réalités globales qui ont désormais évolué avec de nouveaux pics et paliers. Nous soutenions le pays avec des morts tous les jours quand tout le monde s’en moquait et que le gaz coulait à flot. Aujourd’hui je repense à Jaurès scandant la paix et dont l’assassin n’a même pas été condamné. Il n’avait pas forcément vu tous les intérêts sous-jacents de cette guerre à venir.

 On passe vite d'une expression à l'autre sur l'Ukraine. Qu'en est-il de certaines réalités, certes militaires mais économiques, industrielles et humaines loin de les aborder toutes, pour chaque partie, si la guerre s'arrêtait par un coup de baguette magique et une photo de la théorie des jeux ? Il peut aussi en être de certaines zones d’ombre et interrogations.

Rappelons nous que la guerre a plus ou moins commencé en 2014, certes sans présence officielle russe, que les Ukrainiens dénonçaient déjà une violation des frontières, avec une présence supposée russe et qu'elle à empiré en 2022 par une invasion officielle et ouverte en masse notamment depuis la Biélorussie suite à certaines raisons dont chacun aura ses lunettes. 

Sans perdre la face car la guerre est là et que cela ressemble plus à la première qu’à la seconde guerre mondiale, Il est encore possible de retarder le grand allumage en nous renforçant pour nous préparer au monde nouveau. On peut aussi se poser la question de savoir si les feux sont au rouge, pour savoir s’arrêter, à l’orange pour prendre certaines mesures ou au vert pour continuer et à quels prix sachant que chaque jeu est destructeur pour chaque partie.

Les arguments plutôt territoriaux du récent article « quelles victoires quelles défaites » étant posés, je ferai également le deuil de façon objective de notre mise à l’écart par l’ambassade dès que nous avons proposé une mission d’audit sur le terrain sous peine d’être persona non grata et comme si finalement toute solution de ce genre ne pouvait qu’être apparentée à un soutien à l’agresseur russe. Certains parlementaires ont d’ailleurs vécu ce sort.

Que faut il dire pour être correct entre d’une part dire aux Russes de ne pas aller plus loin et d’autre part dire aux Ukrainiens et leurs alliés, bilatéraux ou multilatéraux, qu’il semble bien difficile de reconquérir désormais les territoires pour l’instant et enfin pourquoi ne pas revenir simplement sur les accords de Minsk difficilement acquis et puisque V. Poutine les réclamaient.

Les Ukrainiens doivent ils être les seuls à décider de leur choix, comme on l’entend souvent, alors qu’ils vont chercher toute la communauté européenne et internationale pour les aider mais sans accepter toute l’aide offerte, voire en posant leurs conditions tout en nous alertant sur le fait que l’UE sera la prochaine sur la liste. De quel jeu psychologique s’agit-il ? Le jeux vital du débiteur, conjugal du tribunal ? Sexuel de battez vous ? Des bas fonds de « réglons son compte à Jo » (pas Biden) ? Ou du cabinet de consultation avec « j’essaie uniquement de vous aider ? ». Les joueurs russes et ukrainiens cherchent à faire douter l’autre mais également les écosystèmes sous-jacents. Et d’ailleurs n’est-ce pas un doute envers l’OTAN quand certains pays ont peur que la Russie attaque ensuite un autre pays ?

Même s’il y a différentes façons de gagner, les Ukrainiens ne souhaitent pas arrêter les combats tant qu’ils n’auront pas récupéré tout leur territoire et il est possible de les comprendre même en lisant l’article sur les Alsace –Lorraine (Moselle) ukrainiennes.

Les annonces des uns et des autres sur les frappes réalisées et possibles ne servent à rien dans une possible évolution sauf à les justifier ou les condamner dans chaque camp. Les autorisations d’envoi de missiles en territoire russe pourront désorganiser et enrayer les forces et l’avancée russe mais pas forcément retrouver du terrain comme au début de l’invasion sauf à l’arrivée d’avions promis et reportés dans quelques années sur l’aire de l’arlésienne.

L’actuel président ukrainien, soutenu par son prédécesseur pour les combats, ne semble pas vouloir d’une pause olympique qui serait utile aux Russes mais pourquoi pas aussi aux Ukrainiens, européens et surtout étasuniens en progressive économie de guerre ? Mais nous n’y sommes pas. Les industriels de la défense n’ont pas d’engagements précis d’efforts supportables ni les industriels civils d’efforts de reconversion. Bien entendu toute avancée est et sera ensuite sans doute bien difficile une fois la situation cristallisée.

Les autorités russes annoncent que les sanctions, déjà au 13e paquet,  ne montrent pas franchement le creusement d’une faille dans l’économie pour faire perdre la face aux Européens et Etasuniens. Pour autant, des sources issues des certaines provinces russes plus ou moins autonomes, indiquent au contraire qu’elles auraient des impacts certains, bénéficiant à la Chine qui en profite notamment avec des achats de gaz et pétrole à bas prix et qui accroit la dépendance de la Russie. On comprend mieux aussi pourquoi, entre autres raisons, la Chine n'insiste pas pour faire arrêter la guerre. La crise renforce sans doute aussi les liens militaires entre Chine et Russie qui interviendront ensuite ensemble et se retrouveront en Méditerranée, comme ils font déjà des manœuvres. Mais la Chine n’est pas encore prête à intervenir. Par ailleurs, l’Europe et les Etats-Unis aident bien l’Ukraine, Xi Jinping ne comprend pas pourquoi la Chine n’aiderait elle pas finalement la Russie en plus de l’Iran ? Chacun ses lunettes.

Les mesures engagées pour le soutien de cette guerre en dehors des traités, comme pour le Covid, provoquent une certaine dynamique européenne en matière de défense dont de formation, mais aussi de financement, de coopération, de recherche et d’optimisation industrielle et technologique, certes enclenchée avant 2014 et 2022 sans empêcher d'acheter massivement aux Etats-Unis. Avant que le monde de la Commission ne soit rappelé, nous devions d’ailleurs monter une nouvelle conférence sur les soutiens de l’UE à l’Ukraine pour la remise à niveau de l’administration, dans la politique dite de voisinage, en vue de l’intégration potentielle. N’oublions pas que c’était une des raisons de l’énervement de V. Poutine et que cette idée n’est donc pas nouvelle même si l’on en parle plus fortement maintenant et comme cela dure avec la Turquie qui reste en dehors de l’UE.

Dans un autre registre, la Russie en profite pour vider ses prisons et n’a pas encore mobilisé quand l’Ukraine commence à puiser dans ses réserves et même s’ils ne veulent pas de renforts en personnels. On peut aussi se demander comment, à l’heure de l’hyper technologie et de l’utilisation intelligente des satellites, n'est-il pas possible de connaitre les forces russes autour de Kharkiv pour mieux les attaquer ?

On ne sait plus d’ailleurs ce que les acteurs et les opinions attendent et ce qu’elles signifient. Une médiation étatique, mais améliorée et sur un document unique, pourrait être intéressante sans apporter de solution toute faite pour les parties intéressées.

Quand aux médias, heureusement que le monde s’embrase pour assurer leurs actualités tout en envoyant la pub. .

Finalement, qui a vraiment envie d’arrêter ce formidable laboratoire multi-facettes alors que  les valeurs européennes sont aussi le retour à la paix ? Et vous, cela vous convient-il ? 

 

Plaidoyer pour un arrêt des combats en Ukraine
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